La formation des traducteurs juridiques

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    • May 2006
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    La formation des traducteurs juridiques

    La formation des traducteurs juridiques

    Article de Jacques Pelage, enseignant à l'ESIT.

    A ma connaissance, la traduction des textes juridiques est enseignée dans trois cadres différents : des universités ou facultés de droit, des établissements formant à la traduction juridique, des écoles de traducteurs généralistes. Dans le premier cas, les étudiants ne se destinent pas, en général, au métier de traducteur ; leur bagage cognitif s’acquiert au cours de leurs études de droit ; l’accent doit être mis sur la connaissance de la langue étrangère. Mes propos ne concernent pas ce type de formation. En revanche, je m’intéresserai aux deux autres catégories de formation, qui sont centrées sur l’exercice de la profession de traducteur. Tout d’abord, je voudrais affirmer quelques principes (I) ; ensuite seront abordées les modalités d’application de ceux-ci, en fonction du cadre de formation (II).
    I - Affirmation de quelques principes
    Dans la formation à la traduction des textes juridiques, il me semble essentiel d’appréhender le droit non pas comme un simple ensemble de normes sanctionnées par l’autorité sociale, mais comme un ensemble de disciplines scientifiques dont certaines trouvent des applications en traductologie : philosophie du droit, linguistique juridique, herméneutique juridique, et, bien entendu, droit comparé. Ces disciplines ont ceci de commun qu’elles abordent les relations de la langue et du droit, les deux piliers de toute société humaine, et qu’elles mettent en évidence l’importance de l’interprétation dans le travail des juristes.
    1 - Les relations du langage et du droit
    On a coutume de dire que le langage est le seul instrument du droit. Tout juriste est donc, au même titre que le traducteur, un spécialiste du langage. Le langage du droit est acquis par les juristes en même temps que la culture et la technique juridiques. Mais il crée chez les non-initiés, en raison notamment de son lexique parfois archaïsant et de l’importance des formes dans son expression, un sentiment d’étrangeté. C’est tout cela que l’étudiant en traduction doit assimiler pour devenir non pas un spécialiste du droit mais un initié.
    2 - Le droit, science de l’interprétation
    En droit, le passage du général au particulier et l’inverse s’accompagnent toujours d’une phase d’interprétation : il s’agira, par exemple, de situer un fait dans une catégorie juridique pour connaître les règles à lui appliquer, ou de dégager le sens d’un discours écrit ou oral. Les étudiants en traduction n’ont aucune difficulté à comprendre une telle démarche ; il suffit que les enseignants les aident à en prendre conscience.
    En partant de ces principes, l’enseignement de la traduction devrait toujours comporter un cours d’initiation au droit englobant tous les aspects évoqués plus haut, ce qui n’est pas toujours le cas. L’acquisition d’une culture juridique plus spécialisée, prendrait place, quant à elle, dans les modalités relatives aux exercices sur des textes juridiques.
    II - Modalites d’application des principes suivant le cadre de formation
    L’acquisition d’une culture juridique spécialisée entrant dans le bagage cognitif du traducteur doit être faite à partir de textes : lois et règlements, décisions de justice, actes juridiques, articles doctrinaux. Leur explication doit se fonder sur le droit comparé, en prenant comme référentiel la langue d’arrivée. C’est le moyen de bien appréhender la composante culturelle de l’original et de fonder la réexpression dans la langue d’arrivée sur des correspondances ou équivalences puisées dans les textes de référence. Le droit est ainsi compris comme un système, dans lequel les mots renvoient à des institutions, qui forment l’ordonnancement juridique. Les aspects linguistiques ne sont pas absents de cette démarche : on constatera, par exemple, que le vocabulaire du BGB est plus technique que celui du Code civil français, mais aussi que des notions techniques peuvent s’exprimer à l’aide de mots du langage courant.
    C’est dans le choix des domaines que je ferai des distinctions entre l’enseignement de la traduction juridique destiné aux généralistes et celui qui doit être dispensé aux futurs spécialistes.
    1 - La formation des généralistes
    Deux erreurs sont souvent commises. La première consiste à aborder la traduction juridique comme n’importe quelle traduction technique ; or, chaque Etat a son propre système, intimement lié aux moeurs et à la culture nationale ou locale, et le droit n’a pas les référents universels de la science. La seconde est de faire de la traduction juridique un appendice de la traduction économique ; or, la base du droit est une discipline normative, tandis que l’économie est une science de l’observation. La traduction juridique doit être enseignée pour elle-même. A noter que, si le droit est lié à l’économie, il l’est aussi à la technique, qui inclut des normes et des réglementations dont la portée est juridique.
    Le noyau de l’enseignement doit être le contrat, base du droit des affaires et des relations internationales. Quel traducteur généraliste ou technique n’a jamais traduit de contrat ? En revanche, le droit de la famille, les sûretés réelles et la procédure pénale sont, à mon sens, des facteurs de dispersion.
    2 - La formation des traducteurs spécialisés
    Certaines universités ont créé des DESS ou des diplômes particuliers sanctionnant des études de traduction juridique en une ou deux années. Dans ces formations, tous les domaines du droit doivent être abordés. En outre, les connaissances thématiques doivent faire l’objet d’une évaluation particulière, c’est-à-dire en dehors des exercices de version et de thème, sauf pour les étudiants titulaires d’un diplôme sanctionnant deux années d’études de droit. Certains centres spécialisés procèdent d’ailleurs de la sorte.
    En conclusion, la formation de traducteurs juridiques doit être spécifique et accorder une place importante à la connaissance des systèmes de droit. Elle peut s’insérer soit dans un cursus de plusieurs années, en allant vers une spécialisation croissante, soit dans un cycle spécialisé supposant une connaissance approfondie des institutions. Et pourquoi ne pas envisager des spécialisations dans le cadre d’accords entre établissements ?

    http://www.geocities.com/Eureka/Office/1936/juri4.html

    صابر أوبيري
    www.essential-translation.com
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